Interview : Romain LARUE

Ces derniers jours, Romain est parvenu à vaincre par deux fois à Vincennes, avec UNIVERS GASCON, puis avec sa pouliche BARDANE DU HOULBET, celle ci lui permettant de remporter son premier Groupe II en tant qu’entraîneur dans le prix Ephrem Houël. Merci à lui d’avoir trouvé le temps de répondre à nos questions durant ce meeting hivernal toujours très chargé pour les professionnels, sa disponibilité méritant d’être soulignée (entretien réalisé par Sylvain Kerichard début février 2015)

Salut Romain, peux tu te présenter pour débuter cet entretien, notamment ton parcours avant de devenir entraîneur, comment en es tu arrivé ou tu es ?

Mon père était entraîneur de chevaux, je suis parti à l’AFASEC de Graignes en 4ème, puis Grosbois où j'ai obtenu mon BEP.
J'ai commencé chez Michel Lenoir en apprentissage. Il m’a appris les bases du métier. Ensuite j’ai poursuivi chez Tony le Beller, Bertrand le Beller, Louis Baudron, qui m’a mis à cheval pour la monte en avant, et enfin chez mon père. Il avait à cette époque comme fer de lance de l’écurie LACHEUSE DU VAL. Elle m’a permis de courir le Cornulier. Avec elle j'ai gagné de très belles courses (Groupe II)

Le meeting hivernal s’est il révélé en rapport avec tes attentes pour l’instant ? Les satisfactions et déceptions du côté de tes pensionnaires ?

Satisfaction du meeting : ARIANE DU GOUTIER et BARDANE DU HOULBET qui répètent leurs courses, ainsi qu’UNIVERS GASCON qui a gagné sa course. Je n’'ai pas vraiment de déception, mes chevaux sont bien. Dans le métier, il faut toujours se remettre en question après un échec, et même après une victoire. On en demande toujours plus pour aller de l'avant.

Côté sportif, quels sont les faits qui t’ont marqué le plus ?

Côté sportif je reste admirateur de Michel Lenoir qui est toujours au top niveau depuis plusieurs années. Côté chevaux OURASI bien sûr qui restera une légende incontournable.

T’orienter vers les courses a toujours été une évidence pour toi ?

Non, pas du tout je voulais être routier. Mais comme à l'école je n'étais pas motivé... Je me suis orienté vers une filière professionnelle rapidement. Comme j'étais baigné dans le monde des courses par mon père (Daniel), je suis rentré à Graignes en 4éme.

Tu es installé en Normandie, position stratégique dans le monde du trot, quels sont tes hippodromes préférés dans la région?

La Normandie est la terre du cheval et de l’élevage. On a des bons hippodromes a portée de main : Caen, Cabourg, Lisieux etc...

Et dans un ordre général, quelles sont les pistes où tu aimes particulièrement évoluer, pourquoi ?

Vincennes, car cela reste le temple du trot ! Nous avons la chance d'avoir beaucoup de bon hippodromes en France.

Tu fais parti des professionnels utilisant de superbe manière les « réseaux sociaux » sur internet, tu trouves cela important ?

Un ami, Johann, m’a parlé et conseillé Twitter. J'ai essayé et adopté. C'est sympa, le contact qu'on a avec des gens qui n'ont pas l'opportunité d'aller sur les hippodromes. Ils se posent des question sur notre environnement qui est en fait très abordable hors réunion de course. En réunion, nous n’avons pas le temps de répondre aux sollicitations des passionnés des chevaux . Là, via les réseaux sociaux, j’essaie de faire vivre ma passion et mon écurie, au jour le jour, avec les partants, les naissances etc... Ceci dit, je ne donne pas de pronostics, ce n’est pas le but de mon usage des réseaux sociaux, je ne suis pas pronostiqueur.

Tu t’occupes de l’Ecurie Mont Joly, tu peux nous en dire plus ?

Quand je me suis installé, nous avons créer l'Ecurie du Mont Joly (lieu -dit de nos installation) avec mon frère Damien. Au niveau des couleurs, nous avons repris celles de notre grand-père. Pour l’anecdote notre 1ére victoire fut avec UNIVERS GASCON (et oui toujours lui notre chouchou). Je suis installé sur 20 hectares, avec une piste de 1000 mètres et une ligne droite de 1000 m. J'ai 2 salariés à la campagne, Franck Girouard, 1er garçon de l’Ecurie, et Maxence Pean, ainsi qu’un apprenti Valentin Sauvage.
Nous avons environ une vingtaine de chevaux et poulains. J'ai également une cours à Grosbois à l'année. Il y a aussi ma maman qui m'aide pour la compta, et mon papa pour les taches d'entretien du Haras.
À part les chevaux de l'écurie du Mont Joly, j'ai des propriétaires sympa ils me font confiance dans mes choix (Ecurie Windcut, Gérard Chandebois "les Morgane ", Ecurie St Martin, ainsi que les chevaux de mon père.

Que dirais tu aux lecteurs qui seraient tentés de franchir le pas de l'accès à la propriété ou à la copropriété d'un cheval de course pour les inciter à franchir ce pas ?

Je commencerai par essayer de comprendre leur motivation. Si celle-ci est financière je leur conseillerai d'investir dans autre chose. On ne devient pas propriétaire de chevaux par hasard. C'est un long cheminement. Ils faut avant tout être un grand passionné de l'animal. Je conseillerai d'acheter plusieurs petites parts plutôt qu’un cheval seul pour commencer, afin de multiplier les chances ! Ou un cheval prêt à courir... Mes clients me demandent toujours des conseils avant un achat. Et ils savent mon degrés d'exigence. J'en essaie beaucoup pour eux ! Et au moindre doute je leur conseille de ne pas conclure l'affaire. Mon but est de les faire vibrer, pas de les conduire à la déception. J'entretiens des rapports privilégiés avec mes clients. Bon nombre d'entre eux sont devenus des amis. Ils ont confiance en moi, je me dois de ne pas les décevoir

Un petit tour de cour ?

- UNIVERS GASCON : il nous a fait plaisir en gagnant sa course à Vincennes. Il tournait autour de sa victoire et elle est méritée ! Il ne sait que trotter, mais doit absolument courir caché.

- BARDANE DU HOULBET : nous fait plaisir a bon niveau en prenant des places régulière (NLDR la pouliche a depuis la réalisation de son entretien remporté le Groupe II prix Ephrem Houel le 7/2/15)

- BEAU DE MORGANE : poulain dur avec des difficultés à mettre "en jambes " au départ

- ARIANE DU GOUTIER : rien a lui reprocher durant le meeting.  Jument néanmoins nerveuse au départ

- ARTISTE DE MORGANE :  après 1 an d'absence suite à une blessure. Il reprend la compétition gentiment. A suivre en province.

- CONAKRY PEARL (Ecurie Windcut) : deux ans, qualifié. Il n’a pas encore couru. Pas précoce, on le verra au printemps, nous allons lui apprendre à courir

- CHANSON DOUCE : écurie Mont Joly, devrait passer au qualifications prochainement. Brave et sérieuse pour la province.